1999

Château en Suède 

de Françoise SAGAN

 

 

Frédéric, charmant jeune homme sans expérience, pénètre un jour dans le mystérieux château où, dans l’atmosphère du XVIIIe siècle, ses cousins mènent une étrange existence.

Il est subjugué par la beauté d’Eléonore, il s’indigne du cynisme de son frère Sébastien. La brutalité d’Hugo,son mari, le terrifie, et la révélation du mystère qui entoure Ophélie le bouleverse.

Le malheureux garçon sera-t-il jusqu’au bout le jouet des personnages séduisants de cette féroce comédie ?

 

Château en Suède est une « féroce comédie » et nous avons décidé de jouer précisément sur la folie et la cruauté, tant au niveau des caractères que du décor et des costumes.

Une mère omniprésente qui, de son impotence, organise tout : le jeu peut commencer ! Dans ce sordide château, elle manipule adroitement ses sujets, tels des pantins. Des pantins qui sont prisonniers, qui plus est, de la neige, de l’argent, de la maladie, de l’amour...de l’honneur ou encore d’un terrible secret.

L’enfermement, quel qu’il soit, est propre à chacun. Le jeu tend inéluctablement vers la chasse à l’homme et le piège retient dans ses filets un être extérieur - pur et naïf - qui servira à contrecarrer la nature et à donner enfin une descendance à l’odieuse famille.

L’aboutissement de ce grand jeu semble être la mort, mais cela fait aussi partie du jeu ; la famille joue avec la mort et se joue d’elle puisque la mort fait partie de la vie. La mort ne vient-elle d’ailleurs pas de l’extérieur, d’un simple élément physique et naturel qui envahit peu à peu le château et fait progresser le jeu ? Eh oui : la neige donne toute sa froideur à la pièce.

 

Malgré tout, l’amour est inévitable : conjugal, fraternel, maternel ou adultère, mais dans tous les cas véritable ! Cependant l’amour, immaculé de neige, prend un air de «Je t’aime, moi non plus» car l’amour aussi est ludique.

Les personnages vérifient inlassablement le paradoxe de l’amour : attraction et répulsion !

La tension se personnifie dans les corps, dans les comportements et dans les discours : tout est toujours sur le fil...du rasoir.

Enfin les relations entre les personnages participent entièrement à ce climat de folie et de cruauté ; ils entretiennent tous des relations très ambiguës qui gomment les limites et brouillent les esprits. Si le spectateur est déconcerté, c’est parce qu’il fait aussi partie du château, dans la pénombre des bougies, de cette ambiance intime et de cette atmosphère d’une « étrange inquiétude »: il est le témoin muet d’un horrible secret.